AVANTASIA - The Mystery Of Time

« Cher Tobias, je me languis de ton absence. Je me lasse de ton actuelle orientation musicale. Je souhaite un retour aux sources, aux bonnes vieilles senteurs Speed-Metal dont tu nous servais généreusement à l’époque. Ah, la belle époque... Autre exigence, mon cher Tobias : je souhaite une véritable histoire, un conte ! Tu le sais, j’adore les contes ! Il faut que cela soit grandiloquent, tonitruant. Il serait d’ailleurs de bon ton d’employer les services d’un orchestre... ». Signé : Anonymeuh !

C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures confitures...

C’est drôle à quel point l’exigence de fans peut aboutir à un retour en arrière, à forcer un musicien à revoir sa copie ou tout simplement à lui suggérer de reprendre le chemin du studio. Nul doute que Tobias Sammet - musicien dont il est inutile de présenter le CV - a ouï de près ou de loin la grogne, les insistances de ses disciples. Nul doute (bis) que son label l’a plus ou moins incité à rempiler.

L’auteur d’AVANTASIA a donc accouché d’un sixième opus et d’une troisième saga. Le nouvel album s’intitule sobrement The Mystery Of Time et nous plonge dans les mystères du temps, sur fond d’Angleterre Victorienne. L’histoire met en scène Aaron Blackwell, un scientifique désireux d’explorer le temps et, bien entendu, qui dit pérégrinations dit parfois embûches...

Le drôle – sans grande surprise puisque Tobias Sammet ayant rapidement capitulé face à une horde de « Metal-Opera-die-hard-fans » - dans ce récit musical, c’est qu’il reprend les éléments de Metal Opera Pt.1 et Pt.2. Cela se traduit par une solide trame scénaristique, ce qui induit la présence de véritables protagonistes et non de simples invités vocaux... Outre l’aspect purement lyrique, il se borne à pondre des lignes instrumentales purement Speed-Metal Mélodique, comme à la belle époque ! Et cette obligation se ressent un tantinet à travers le disque. Je sens une légère frustration... Le musicien aurait très bien pu répliquer « vous vouliez du Speed’, vous en boufferez ! » que cela ne m’aurait pas surpris ! De plus, celui-ci se contente de pomper quelques passages de ces précédents travaux avantasians. Motivation en berne, c’est le cas de le dire !

Tobias, le pire promoteur sur le marché...

Le mastermind n’est pas un grand promoteur, force est de le souligner ! Il multiplie les bourdes : à la sortie de The Scarecrow, le musicien propose le sirupeux Lost In Space comme étendard (s’en suivra un second clip vidéo : Carry Me Over, autre ballade mielleuse à souhait). Lors de la sortie du double opus The Wicked Symphony/Angel Of Babylon, il ne propose qu’un morceau pour représenter les deux galettes : Dying Angel !

Et voici que notre jeune fou remet le couvert en dévoilant le nouveau clip vidéo Sleepwalking. Sous prétexte qu’il s’agit de la seule chanson ne dépassant pas une durée excessive, qu’elle sonne un brin Pop, celle-ci serait parfaite pour un potentiel passage radio... Or, Tobias Sammet maintient (voire martèle), un brin ironique, qu’il ne croit pas un seul instant qu’une radio ou une chaîne TV mouillera son maillot pour diffuser la belle. Quel intérêt alors de sélectionner le titre le moins représentatif de l’album et de le retranscrire sous format vidéo ? Paradoxale, dites-vous ?

Casting : la faute de goût !

Non, la faute de goût ce n’est pas Cloudy Yang, chanteuse très décriée et qui, pourtant, ne me laisse pas indifférent. La faute de goût, la tâche immonde, c’est la présence d’Eric Martin, membre de MR.BIG. Sa présence studio est une erreur monumentale : j’ai beau écouter What’s Left On Me, ce morceau entre par l’oreille droite et ressort par l’oreille gauche... Vraiment banal ! Je m’avance un peu : j’ai la nette impression qu’il est tout aussi impliqué que l’investigateur du projet... Et apparemment, Eric semble peu impliqué sur scène et peu intégré au groupe.

Pour le reste de l’équipage vocal studio, les choix se sont avérés judicieux : Michael Kiske s’investit toujours autant, il s’éclate ! Bob Catley s’offre une seconde jeunesse. Ronnie Atkins, Biff Byford et Joe LynnTurner donnent le meilleur d’eux-même. Et Cloudy Yang nous offre une superbe ballade et, malgré avoir contesté le choix de celle-ci comme étendard, a l’opportunité de briller à travers le clip vidéo Sleepwalking. Elle qui était souvent relayée au second plan lors des concerts a enfin son moment de gloire.

Les à-côtés énoncés...

Les à-côtés énoncés, je dois admettre que The Mystery Of Time n’est pas une bouse bien puante. En grand adorateur d’EDGVANTASIA, j’ai pris plaisir à l’écoute de l’opus. Oui, il siègera surement en haut du panier, lors de mon Hall Of Fame 2013. Cela dit, aimer le groupe et l’album ne m’empêchent pas de souligner certains points dérangeants...