STEVE PLUNKETT - Straight Up

Il n'est parfois pas bon de vieillir...

Souvenons-nous un artiste comme Jean-Jacques Goldman : en fin de carrière, cet excellent parolier (et instrumentaliste) se fendait d'un Toute Une Vie au relent bien paternaliste au profit des Restos du Coeur. Ce qui fit grincer des dents toute une génération de jeunes en galère. Une impression de crachat au visage de la part d'un artiste jusqu'ici relativement apprécié des français. Son capital sympathie auprès du public en pâtit...

En moins visible, autre exemple : Jim Peterik, le faiseur de tubes. De SURVIVOR jusqu'à ses WORLD STAGE ou PRIDE OF LIONS, j'ai constaté une perte d'inspiration. D'autres diront "ça radote". Peu importe, le constat est là : vieillir n'est pas toujours synonyme de fulgurance. La fougue de la jeunesse est derrière soi. Parfois une certaine sagesse s'installe ; d'autres fois, une aigreur.
Moins visible car Jim Peterik est un musicien prolifique. Alors les bis repetita sont moins perceptibles. Instrumentalement, nous retrouvons des mélodies du passé, réarrangées pour l'occasion, en espérant que l'auditeur que nous sommes ne tique guère. Se renouveler est un art difficile. Je mets au défi quiconque de bousculer son train-train quotidien pour se lancer dans le grand vide de la nouveauté, des horizons inconnus ! L'inconnu est grisant quoi qu'effrayant ! Le connu est un inconfort illusoirement sécurisant.

J'en viens au cas Steve Plunkett. Peu sous le feu direct des projecteurs, Plunk a eu l'opportunité de signer chez Cleopatra Records. Ou l'inverse. Je penche plutôt pour la seconde option.

Un mot sur ce label : c'est un label médiocre concernant leurs produits. Le strict minimum syndical : CD et fourreau digipack ou boîtier crystal ; souvent des erreurs d'impressions ou de pressages (un titre confondu avec un autre, par exemple). C'en est d'ailleurs devenu une blague pour moi. Je cherche chez eux les coquilles !

Alors, lorsque j'ai reçu mon colis, que j'ai constaté la pauvreté du disque Straight Up, j'ai ri. Encore une fois, Cleopatra Records a frappé ! Aucun livret, aucun crédit inscrit sur le digipack. Aucune information susceptible de m'aiguiller sur le processus créatif.
Notre cher Denis (de RockMeeting.com) m'a partagé une chronique d'un anglophone. Ce choniqueur soupçonnait l'utilisation de l'IA - comprendre l'Intelligence Artificielle ; au passage, l'expression prête à sourire : une intelligence qui se veut artificielle, n'est-ce pas cocasse ? - lors de la production de l'opus Straight Up. La raison ? La sonorité claire de l'album ; les paroles pauvres.
Pour la première critique : oui, le son est résolument clair, comme l'était les albums d'AUTOGRAPH dont Buzz (2003) issu de la reformation AUTOGRAPH 2.03 ou de son premier solo My Attitude (1991). J'ignore ce qu'espérait ce chroniqueur, mais je doute qu'il attendait une telle clarté musicale. Et nous n'avons pas attendu l'IA pour employer des effets électroniques : DEF LEPPARD employa la batterie électronique, suite à l'accident (en 1984) et donc le handicap de Rick Allen, pour l'un de ses plus grands disques (médiatiquement et commercialement, au minima), j'ai nommé, Hysteria.
L'opus Straight Up sonne Rock, parfois Hard Rock, souvent Pop Rock (les BEATLES me viennent à l'esprit - la guitare acérée à la Helter Skelter), voire un zeste Heartland Rock (bloubi-boulga de Blues, Country, Rock(abilly), Folk). Il y a une certaine redite d'un morceau à l'autre, une forme d'homogénéisation de la musique. Relativement audible, à mon avis.
J'ai pris le temps de réécouter Trouble At Home (1983), disque des SIVLER CONDOR, groupe au sein duquel Steve Plunkett fut brièvement guitariste-choriste, afin de confirmer ou infirmer traces de cette expérience dans ce nouvel album Straight Up. Aucune accointance. Trouble At Home lorgnait trop du côté de WHITESNAKE.
Pour la seconde critique : Steve Plunkett est un pur produit des années 80 (voire fin 70). Alors, à l'époque, les paroles... comment dire ? Exemple frappant de nullité (je suis fan d'AUTOGRAPH, j'insiste sur ce point !) : la chanson Blondes In Black Cars, le refrain traduit en français par mes soins. Inspirons un instant et... "Des Blondes en voitures noires, wooh ; Grillant le boulevard, yeah ; Des Blondes en voitures noires ; Et elles sont là pour moi". Nullité abyssale. Donc, je considère fort de café d'imputer à Plunk la pauvreté lyrique dont il a fait preuve ; il ne s'en est jamais caché, c'est un parolier populaire. Populaire dans le sens qu'il ne cherche pas l'intellectualisme au travers des paroles de ses chansons !

Parmi les morceaux que j'aime : First Step. Digne héritière (ou fond de tiroir) de l'opus My Attitude. Rétro 70's, avec ces claps et ce synthétiseur kitsch ! We're Gonna Jam à l'inspiration Heartland Rock (un peu à la Tom Petty). Ou encore Start It Up et cette impression lors des premières secondes Quand La Musique Est Bonne de Jean-Jacques Goldman. Fort heureusement, le titre montre les muscles rapidement et s'éloigne de la chanson précédemment citée !

Ni une fulgurance, ni une purge, un album honnête et sans aucune prétention. Sans doute même une commande du label Cleopatra Records. Avec des moyens supérieurs alloués à ce projet, peut-être Straight Up aurait eu plus de gueule ! De toute façon, tout ceci n'est que spéculations ! Je vous invite à vous faire votre propre avis et à le partager en section commentaires ! Pour ma part, j'aime Straight Up.