Musique ou musique ? [DANS LE VISEUR #5]

Cinquième numéro de "Dans Le Viseur".

[Derrière ce titre tout droit sorti d'une oeuvre rédigée par Shakespeare, se cache un article sur la décroissance. Et plus précisément sur la décroissance liée à un art, un loisir mais avant tout un produit de grande consommation.

A noter : ce billet n'est pas le plus structuré que j'ai eu l'occasion d'écrire.]


La musique, un produit de consommation comme les autres

Pour ma part il y a Musique et musique. Je ne peux faire plus manichéen !

La première est notre capacité à apprécier une sonorité, à émettre des émotions et poser des mots sur notre ressenti vis-à-vis de celle-ci. Ca, c'est la Musique. Une entité produite par la Nature (càd les espèces - faune et flore - peuplant ce monde). Ce que vulgairement nous réduisons souvent au bruit, au son. Promenez-vous, en milieu rural ou urbain, tendez l'oreille et peut-être serez-vous surpris des mélodies du quotidien ! La Musique n'est pas contenue que dans vos produits hi-tech (radios, ordinateur, platine, smartphone, etc.). Elle nous environne en permanence :)

La seconde est un produit de consommation. Sauf que l'industrie a brillamment réussi à entretenir la confusion entre Musique et musique. Ce que les industriels vous vendent, ce n'est qu'une vision réductrice, lucrative de la Musique.
Combien d'artistes frustrés ou brisés cette industrie a-t-elle engendré ? Combien, en effet, pour devenir rentables à ses yeux ?
Dès lors qu'un nouveau courant naît, qu'un public y est réceptif, l'industrie se frotte les mains et, rapidement, travestit l'élan en un produit de consommation enrobé dans un un packaging du plus bel effet.

Posséder pour être mélomane ?

Longtemps, j'ai pensé que posséder la totalité discographique physique d'un artiste était nécessaire. Nécessaire, pour quelle raison ? Pour être légitime, pardi ! Avec du recul, ceci est une situation à la fois puérile et absurde. Comme si ma légitimité à évoquer un artiste se mesurait à la quantité de disques en ma possession.

Ce qui vaut pour la possession d'albums physiques, vaut aussi pour la possession d'albums numériques. Dans les deux cas, il y a accumulation. Peut-être même plus, dans le second d'ailleurs !

Ainsi, comme le souligne merveilleusement bien le belge Lionel Dricot (alias Ploum), "Plus nous achetons, plus nous possédons, plus nous éprouvons un manque et le besoin d’acheter !". Et oui!, le cercle vicieux.

Un début de piste

Se passer totalement de musique (celle avec un petit "m") ? Non.

Par contre "consommer raisonnablement", oui. Picorons !

Au lieu de me jeter sur une nouvelle sortie, je me pose désormais la question : est-ce que je n'ai pas un équivalent dans ma discothèque ? Et est-ce que cet équivalent n'est pas suffisant ? Ou encore : est-ce une pièce essentielle et durable ?
C'est ce que Lionel Dricot explique dans son article, à la différence qu'il globalise ce questionnement à tous nos actes quotidiens (ou pulsions) de consommation.

Une autre idée que j'expérimente : pour chaque nouvelle acquisition physique, je fais en parallèle un "ménage discographique".
Les disques que je n'écoute plus rejoignent un nouveau (et je l'espère heureux !) propriétaire. Que ce soit à travers une vente ou un don.
L'idée n'est pas de ramener des sous dans les caisses mais bien d'en faire profiter à quelqu'un d'autre.

Êtes-vous prêt(e)s à en faire autant ? :)