THE CULT - Sonic Temple

Le 10 avril 1989, Sonic Temple est officiellement révélé au grand public.

Pourtant c'est bien en 1988 que Sonic Temple est une première fois enregistré, avec l'aide de musiciens additionnels comme par exemple le batteur de KISS Eric Singer.
A vrai dire, THE CULT rencontre en interne des désaccords artistiques qui repoussent la sortie du disque.
Ian Astbury souhaite son - je cite - "Disraeli Gears" en référence à l'album des CREAM, tandis que Billy Duffy - appuyé par le producteur Bob Rock - prévoit un Big et Arena Rock dans la continuité de l'acclamé Electric. Le jour et la nuit !
Cette scission aboutira à l'opus que nous connaissons tous aujourd'hui et qui effectivement s'avère le cul entre deux chaises, même s'il faut admettre que le bras de fer entre Astbury et Duffy a plutôt tourné à l'avantage de ce dernier. Cela ne fera que renforcer l'animosité entre les deux hommes...

Sonic Temple, au delà des tensions insupportables entre un Billy Duffy carriériste et un Ian Astbury en pleine descente aux enfers, reflète le point culminant et la chute à venir de THE CULT.
Culminant car le disque s'installe confortablement dans les classements médiatiques et industriels de l'époque - 10ème place au Billboard (chartes étasuniennes) ; 3ème place au BPI (chartes britanniques) - et se vend comme des petits pains.
Chute car, suite à l'expérience Sonic Temple, le bassiste historique Jamie Stewart décidera de claquer la porte et de se consacrer à sa vie privée. Un départ qui sera considérer comme une trahison par Billy Duffy. "Au fond je pense qu'il se sentait trahi, un peu effrayé de se retrouver seul avec Ian" expliquera plus tard Jamie. Sans le membre tampon Jamie Stewart, il est clair que l'aventure THE CULT devenait hasardeuse...

J'adore Sonic Temple, mais pas pour les mêmes raisons que son aîné Electric. Là où Electric allait droit au but à travers un Hard Rock brut de décoffrage (à la sauce australienne du chef AC/DC), Sonic Temple lui se caractérise par un Hard Rock fortement teinté US et légèrement Blues Psychédélique (fruit du désaccord Astbury - Duffy).
Et qui dit album saupoudré de Blues et Psychédélisme, dit moins enclin à livrer ses charmes dès le premier rendez-vous. Sonic Temple requiert donc, selon moi, une certaine assiduité auditive pour l'apprécier à sa juste valeur. La teinte US aidant à apprivoiser la belle.
Si je fonds aisément pour Sun King, Fire Woman - titre haï de Ian Astbury à l'époque ; "Je détestais Fire Woman, je détestais la vie, je détestais le fait d'être ici" (NDLR : par "ici", comprendre aux Etats-Unis au lieu d'être auprès de son père mourant) -, Sweet Soul Sister - les lignes d'un synthétiseur n'auront jamais aussi bel effet que sur ce morceau -, Soldier Blue très New Wave dans l'âme ou Soldier Blue, à l'inverse d'autres pistes m'ont semblé moins évidentes à aborder.
C'est le cas par exemple de Edie (Ciao Baby) et Soul Asylum. Je cite ces deux-ci car ils sont vachement jouissifs et saisissants. Je crois que la longue ascension avant l'explosion peut rebuter l'auditeur habitué à un Hard Rock direct. Sauf qu'ici, l'ascension vaut le coup !

Sonic Temple ou l'aboutissement et la fin d'un rêve américain.