
Meup !
Oui, démarrons par "meup" !
Quatre ans d'attente.
Monsters And Giants a nécessité quatre années de gestation. Pour un groupe de la trempe, de l'envergure de HELLOWEEN, ça me semble une courte attente. Nous sommes loin d'arlésiennes du Rock, Hard Rock ou Metal.
Et cette fois-ci, l'attente ne souffrait guère de spéculations sur le contenu du disque Monsters And Giants. Nous avions déjà un apperçu sur le précédent album Helloween. Album sur lequel je n'ai plus posé une oreille depuis sa sortie en 2021. Album que je considérais honorable à l'époque, toutefois bien loin de l'oeuvre qui m'émoustille et me pousse à revenir. Et à lire les opinions actuels au sujet de l'opus Helloween, je crois que cet avis fait globalement désormais consensus. D'où la lourde tâche de Monsters And Giants, c'est-à-dire de surpasser le précédent disque-réunion et prouver qu'au delà de l'appât du gain, il y a volonté et coeur de poursuivre la trame HELLOWEENesque.
Et donc ?
Sans grande surprise, je trouve ce disque plus abouti, cohérent, équilibré, varié et habité que Helloween.
Une réussite qui s'explique d'abord par un travail d'équipe.
Puis, par une interprétation aux petits oignons.
Et enfin par une production agréable à l'oreille. Je suis tenté de dire qu'au moins HELLOWEEN, pour un désormais vieux groupe de Metal, ne se fout pas de la gueule de leurs fans et leur sert ce qu'il cuisine le mieux ! Donc, je considère qu'il n'y a pas d'excuses : lorsqu'on a la machine médiatique, financière et technique à son service, on peut proposer un bon opus. J'en ai assez des vieilles gloires qui "expérimentent" des productions que la plèbe aurait jugées au mieux médiocres, au pire à chier s'il s'agissait de jeunes loups. Fin de ma polémique.
En vrac, je vous partage mon impression :
- En grand fan de Chameleon, je suis friand d'un titre comme Under The Moonlight, relativement proche d'un Crazy Cat. Un grain de folie bienvenu !
- Curieusement, A Little Is A Little Too Much, d'abord perçu comme téléphoné, m'a agréablement surpris au fil des écoutes. Même sentiment pour This Is Tokyo. Pataud à première vue, toutefois convaincant sur long terme.
- Le castafioresque et fleuve Universe (gravity For Hearts) s'en sort avec les honneurs, donnant la part belle à Michael "woooaaaAAAaaah" Kiske. Il réclame toutefois un certain apprivoisement avant de délivrer tous ses charmes. Même état d'esprit, même combat avec Savior Of The World, bien que plus concis.
- Giants On The Run et Majestic lorgnent du côté de GAMMA RAY par instants. Parfois un brin maladroit dans les enchaînements, je l'admets. Quasi Prog, sans l'être vraiment. Il n'empêche qu'il y a quelques moments forts, intenses dans ces deux morceaux.
- Into The Sun : le raté de l'album. Si vous en cherchez vraiment un, je vous suggère celui-là. Chiant au possible. Je le zappe.
- We Can Be Gods et Hand Of God ou l'obsession d'HELLOWEEN pour le mot "god", tout comme NIGHTWISH avec "master" et tant d'autres groupes que je vais éviter de citer, sinon la liste risque d'être longue, ah ah ah ! Hand Of God, c'est The Departed (Sun Is Going Down) (cf. The Dark Ride) en... moins bon, cependant digeste.
Que dire de plus ?
L'opus est d'une courte durée, donc invite à de multiples relectures ; ça, c'est chouette !
D'où la question : sortons-nous enfin de cette détestable tendance des albums à rallonge, remplis à ras-bord ? Cette pratique, à mon avis, a contribué à alourdir d'une part, à abaisser la qualité des disques d'autre part. Une pratique des années 90 et surtout 2000 car époques de popularisation du format CD, produit de masse et privilégié par l'industrie musicale (je n'oublie pas la K7, passée en quelques décennies de produit bon marché à produit de luxe). Je m'éparpille dans mes réflexions, tant pis, tant mieux !
Je conclus ! Je ressens un enthousiasme débordant pour Giants And Monsters. Je cherche toutefois à contrebalancer ce même enthousiasme : l'exercice de la chronique m'amène à poser un avis sur l'instant, mais cet avis n'est pas définitif.
Je crois qu'avec les nouvelles productions des pontes du Metal, il est préférable de les juger définitivement a posteriori, lorsque l'effervescence est retombée.
J'admets qu'il est trop tôt pour que j'envisage d'en faire un indispensable de leur discographie. Quelques indices me poussent à lui laisser pourtant sa chance : 1) je n'achète pas un disque le jour J, sauf si j'ai l'intuition qu'il va me convenir dans la durée (je n'exclue pas l'erreur de jugement - des bouses, j'en ai acquises !) ; 2) j'ai replongé dans leur discographie avec plaisir, suite à l'écoute-découverte de Giants And Monsters ; 3) je reviens régulièrement à l'album, fredonnant voire chantant les chansons (ou les parodiant - Savior Of The World devient Shavior Of The World - comprendront les fans du rigolo Tobias Sammet et son célèbre morceau Shave Me... euh, pardon!, Save Me !).
Amicalement meup !
