BLUE ÖYSTER CULT - Mirrors

En 1977, Spectres reçoit un accueil mitigé car dans l'ensemble qualitativement inégal et surtout en proie à des problématiques inhérentes au genre humain.

Ce n'est rien, en comparaison de Mirrors, sarcastiquement renommé Errors par les fans de la première heure. Un rejet d'une rare violence.

Les prémices d'une traversée du désert se faisant déjà sentir sur Spectres, Mirrors ne fait qu'enfoncer le clou.

Miroir, ô mon beau miroir...

BLUE ÖYSTER CULT se fédère derrière Donald Roeser afin de produire un album résolument - et de manière assumée ! - Pop. Rien de surprenant à ce que d'un commun accord, Donald soit désigné car, au sein de la formation, "il est Mr Pop Man" souligne Albert Bouchard. C'est-à-dire celui qui veille à ce que BLUE ÖYSTER CULT conserve cette touche si mélodique.

Quitte à emprunter la sucrée route de la Pop, autant que la bande s'adjoigne un producteur de renom. Et par effet domino, cette décision entraîne le départ du trio infernal Sandy Pearlman, Murray Krugman et son assistant David Lucas !

Ainsi le producteur en vogue Tom Werman rejoint l'équipe. Ce dernier ayant un sacré CV à son actif (TED NUGENT, MOTHER'S FINEST, MOLLY HATCHET, etc.).

Ce choix s’avérera fatale et, par la suite, de l'aveu même de Tom Werman, ce dernier concédera qu'il s'agit de "(...) l'un des albums sur lequel je me suis le moins investi, avec du recul.". Bien entendu, Tom Werman rappelle que l'objectif initial de ce projet était de "(...) diffuser la musique du groupe sur les radios dans le but d'élargir leur audience.".

Fatale aussi pour Eric Blooms, seul membre à ne pas s'attirer la sympathie du producteur.
Lui qui, jusqu'ici, s'attribuait une grande part des lignes vocales est désormais relégué au second plan en faveur de Donald.
Une décision injuste néanmoins cohérente pour l'aboutissement du projet.

Aparté au sujet de l'esthétique

L'illustration est signée Loren Salazar, un ami d'Eric Blooms. L'artiste est aussi à l'origine de la couverture de l'opus Magazine, composé par HEART.

Eric confie qu'il s'agit en réalité d'une peinture, contrairement à l'idée véhiculée selon laquelle c'est une photographie d'un rétroviseur. D'ailleurs, l'original a été perdu par le transporteur censé le livrer à CBS.

A noter que Loren n'est pas crédité sur Mirrors, pour sa participation.

Surprenant, Albert Bouchard "(...) considère que l'illustration de Mirrors est la pire que Loren Salazar ait créé." pourtant concède que ce choix "(...) c'était une décision commune au sein du groupe".

Errors ou Mirrors ?

Oh oui, Mirrors est d'une maladresse ! Oh oui ! De ces adorables maladresses, pour ma part.

BLUE ÖYSTER CULT est une bande de bosseurs, des réguliers, loin du strass-paillettes-gala-et-cie. Exception faite d'Allen Lanier, enclin à la fête et s’accoquinant au gratin de la société.
Et cette équipe a fait l'erreur de céder à une certaine facilité musicale par appât du gain. Une capitulation face à l'industrie, capitulation chèrement payée en s'aliénant son public originel.

Tout n'est pas à jeter sur ce disque.
Si l'entame Dr. Music est gauche, la seconde piste The Great Sun Jester est à mon sens un habile mixte entre THE WHO et STYX. Ce titre est musclé, malgré le lissage qu'il a reçu.
L'acoustique In Thee est LE tube, se hissant aisément dans le TOP 40 des radios de l'époque.
Mirrors, Moon Crazy suivent ce chemin sirupeux...
The Vigil se veut plus aventureux, presque Country-Rock.
I Am The Storm est à mon avis ce qui se rapproche le plus du BLUE ÖYSTER CULT originel, proposant des riffs endiablés. A chaque écoute, I Am The Storm m'apparaît comme une ébauche de ce contiendra l'opus Imaginos.
You're Not The One (I Was Looking For) sonne un tantinet SURVIVOR avant l'heure. D'où ce qui ressort souvent des discussions : BÖC est, à l'instar de BOSTON, précurseur du genre AOR.
Enfin, Lonely Teardrops... meh.

Je crois qu'au fond BLUE ÖYSTER CULT s'est fendu d'un album maladroit car les américains ne voyaient qu'à court terme. L'argent, le succès facile au détriment de la pérennité de leur carrière.

Remonter la pente, c'est le challenge qui attend nos gaillards !